Plan d’action de Genève pour la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité

Nous, soussignés, reconnaissons le caractère fondamental de garantir l’accès à l’eau pour la vie sur Terre ainsi que la valeur considérable d’un tel accès pour tous, sur les plans physique et spirituel.

Nous reconnaissons les déclarations, objectifs, valeurs et principes mondiaux en matière d’eau, d’environnement et de développement durable, mentionnés ci-après : la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement (1972) ; la Déclaration de Dublin sur l’eau dans la perspective d’un développement durable (1992) ; la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement (1992) ; la Déclaration du Millénaire (2000) ; Le droit à l’eau (Right to Water) publié par l’Organisation mondiale de la Santé (2003) ; la Déclaration de Brisbane sur les débits écologiques (Brisbane Declaration on Environmental Flows) (2007) ; les Conclusions de la réunion d’experts internationaux sur le droit à l’eau organisée par l’ UNESCO (2009) ; la Résolution 64/292 des Nations Unies sur le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement (2010) ;  la Résolution 70/169 des Nations Unies sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement (2015) ; la Déclaration de Bonn sur la sécurité de l’approvisionnement en eau à l’échelle mondiale (Bonn Declaration on Global Water Security) (2015) ; la Lettre encyclique du Pape François sur la sauvegarde de la maison commune (2015) ;  la Résolution des Nations Unies « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (2015) qui comprend les objectifs de développement durable « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau » (ODD n° 6) et « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous » (ODD n° 16) ; les Principes de l’OCDE sur la gouvernance de l’eau (2015) ; et la Déclaration de Rome sur le droit humain à l’eau (Rome Declaration on the Human Right to Water) (2017).

Pour répondre aux objectifs définis dans ces déclarations, nous pensons qu’un Fonds mondial pour la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité est nécessaire à l'échelle de la planète pour investir dans la sécurité de l'eau pour les personnes, la faune et la flore. Afin de garantir la sécurité de l’eau pour tous, ce fonds investirait chaque année un montant supplémentaire, en plus des engagements d’investissement existant, équivalent à un minimum de 1 dollar US par personne et par jour (soit 27 milliards de dollars US en 2017).

Nous nous engageons à soutenir, à encourager et à réaliser les trois actions décrites ci-dessous en vue de garantir la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité.

Action n° 1 : Garantir l’accès à des services d’approvisionnement en eau en accord avec les besoins fondamentaux en eau des populations

Contexte : des milliards de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable sure ou à un assainissement adéquat. Une telle situation constitue une violation de leur droit fondamental à l’eau.

Approche : (1) Investir pour garantir des services d’approvisionnement en eau écologiquement durables pour les personnes qui sont le moins en mesure de payer pour de tels services. (2) S’assurer en priorité que les investissements du Fonds mondial pour la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité satisfont aux besoins fondamentaux en eau des populations défavorisées ou vulnérables en matière d’eau potable, d’hygiène et de cuisine.

Action n° 2 : Assurer l’amélioration des conditions des bassins versants, des rivières, des fleuves et des aquifères

Contexte : dans de nombreux endroits du monde, on constate une diminution de la quantité des eaux de surface et souterraines ainsi qu’une dégradation de leur qualité, en raison de prélèvements excessifs, de la pollution et de la mauvaise utilisation des ressources hydriques. Une telle détérioration affecte négativement le bien-être des populations et l’intégrité de la faune et de flore qui dépendent des écosystèmes d’eau douce.

Approche : (1) Établir un organisme scientifique indépendant sous l’égide d’ONU-Eau et du Fonds mondial pour la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité. (2) S’assurer que cet organisme scientifique s’appuie sur des connaissances traditionnelles et actuelles pour comprendre les compromis nécessaires et également innover, développer, mettre à l’essai sur le terrain, adapter et diffuser des solutions d’amélioration des conditions des écosystèmes d’eau douce. (3) Soutenir ces solutions fondées sur les connaissances grâce à un investissement initial de 1 milliard de dollars US versé par le fonds.

Action n° 3 : Assurer l'amélioration de la gouvernance, de la gestion et de la planification de l’approvisionnement en eau

Contexte : la plupart des pays font des erreurs de gouvernance en matière de planification, de budgétisation et de fourniture de services d’approvisionnement en eau dans les zones rurales et urbaines. Il est donc impératif d’investir pour améliorer le niveau d’expertise et la capacité décisionnelle des institutions chargées de la gestion de l’eau ainsi que de les aider à répondre efficacement aux valeurs et aux besoins en eau des populations.

Approche : (1) Développer, revoir, adapter et diffuser activement des solutions en matière de gouvernance en accord avec les Principes de l’OCDE sur la gouvernance de l’eau. (2) Appuyer ces solutions de gouvernance grâce à un investissement initial de 1 milliard de dollars US versé par le fonds.

Nous estimons que la mise en œuvre de ces trois actions pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’humanité est d’une importance fondamentale pour notre avenir commun.